76% des professionnels des RH se montrent sceptiques vis-à-vis de l'utilisation des outils de l’intelligence artificielle (IA). Mais derrière ce chiffre se cache une réalité plus nuancée, témoignant d'un terrain fertile pour l'innovation et le progrès. C’est ce que révèle le sondage Opinion Way pour Kelio.
Cette enquête a été réalisée sur un échantillon de 301 responsables des ressources humaines (RRH/DRH) d’entreprises privées de 20 salariés et plus, du 21 février au 11 mars 2024, en France.
I- Les professionnels des ressources humaines sceptiques face à L’intelligence artificielle
Il est indéniable que l'IA suscite des inquiétudes légitimes parmi les gardiens du capital humain. Avec 54% des professionnels RH sondés exprimant un manque de confiance dans la qualité du travail réalisé par l'IA. Cette technologie peine encore à s'imposer comme une évidence dans le secteur des RH. Seuls 2% ont “tout à fait confiance” et 44% “plutôt confiance”
La réticence s'étend largement, avec 76% des professionnels n'utilisant pas et ne souhaitant pas utiliser les outils d'IA dans leurs fonctions actuelles. Ce scepticisme se reflète également dans la diversité des attitudes selon la taille de l'entreprise : alors que 25% des responsables RH dans les entreprises de plus de 250 salariés montrent un intérêt pour l'IA, ce chiffre tombe à 11% dans les structures de 20 à 49 salariés. Ces données soulignent non seulement un défi de confiance, mais aussi un clivage fondé sur la taille de l'entreprise et potentiellement sur les ressources disponibles pour investir et s'adapter à de nouvelles technologies.
II- L’IA et les RH : des défis à surmonter et des potentiels à débloquer
L'enquête met également en lumière les freins à l'adoption de l'IA.
Parmi les professionnels RH , 41% soulignent l'incompatibilité des outils d'IA avec les procédures actuellement en place, un signe que l'intégration technologique n'est pas toujours un chemin linéaire. Par ailleurs, la confidentialité des données personnelles est une préoccupation majeure pour 38% des sondés, reflétant l'importance capitale de la sécurité dans le traitement des informations sensibles. Cette prudence est renforcée par un manque de compétences spécifiques à l'IA, cité par 32% des responsables, soulignant la nécessité d'une formation adaptée pour lever les incertitudes. Enfin, la résistance au changement est un défi non négligeable, mentionné par 29% des participants, illustrant la dimension humaine inhérente à tout processus d'innovation.
Mais le désir peut se faire sentir chez certains professionnels RH, notamment chez les nouvelles générations ; avec 25% des répondants de moins de 30 ans exprimant un désir d'utiliser l'IA contre seulement 13% des plus de quarante ans.
Dans l'univers du recrutement, l'IA se présenterait comme une alliée, promettant de révolutionner les méthodes traditionnelles par son efficacité. Les tâches initiales, souvent fastidieuses et consommatrices de temps comme le filtrage de CV, l'analyse de compétences et la présélection des candidats, se verraient transformées grâce à l'intelligence artificielle.
III - L’intelligence artificielle dans le recrutement, un avenir prometteur ?
Dans le domaine du recrutement, l'avenir de l'intelligence artificielle est prometteur. Un impressionnant 87% des responsables RH reconnaissent le potentiel de l'IA pour améliorer les processus en amont de la réception des candidatures, notamment dans la publication et la diffusion des offres d'emploi (63%) et la rédaction des offres (57%). Ces chiffres illustrent une perception positive de l'IA comme outil d'efficacité et de précision, capable de libérer du temps pour les tâches à valeur ajoutée. De même, dans la gestion et le tri des candidatures reçues, 86% voient l'IA comme un soutien précieux, notamment pour la vérification des informations (51%) et la gestion des candidatures non-retenues (45%). Cet intérêt pour les applications de l'IA en phase préliminaire contraste avec une prudence dans les étapes finales, soulignant une vision équilibrée où l'IA et l'humain collaborent pour un recrutement plus efficient et humain. Ces données projettent une évolution du recrutement où l'IA n'est pas une menace mais une opportunité de rehausser la qualité et la personnalisation du processus, marquant un avenir prometteur pour l'intégration de ces technologies dans les pratiques de recrutement.
Bien que l'adoption de l'intelligence artificielle dans le recrutement semblerait mieux reçu que dans d’autres domaines, le contact humain reste prépondérant, en particulier dans les phases cruciales de sélection et d'intégration. La réticence à confier, entièrement, à l'IA des étapes aussi déterminantes que les entretiens initiaux est minime, avec seulement 10% des professionnels prêts à franchir ce pas. La négociation avec les candidats retenus (8%) et la sélection finale (6%) sont d'autres moments-clés où l'instinct et l'interaction humaine sont jugés irremplaçables. De même, l'intégration des nouveaux arrivants (12%) et le suivi post-recrutement (21%) soulignent l'appréciation continue pour les nuances et l’intelligence corporelle que seule la présence humaine peut apporter.
VI- Le rôle pivot des DRH dans l’utilisation de l’IA : éclairer et guider
Eric Ruty, Directeur Général de Kelio, évoque la nécessité pour les professionnels des RH de se familiariser avec ces nouvelles technologies :
Si cette enquête montre une véritable défiance des professionnels RH vis-à-vis de l’IA, on peut ainsi l’analyser comme un réflexe légitime de prudence qui s’atténuera lorsque les outils auront fait la preuve de leur valeur ajoutée et de leur fiabilité. Contrairement à ce que certains acteurs voudraient nous faire croire, il est inutile de se précipiter et de prendre des risques juridiques non-mesurés.
Eric Ruty
Directeur Général
En effet, malgré une réticence globale, des segments de la population RH, notamment les moins de 30 ans et les responsables de grandes entreprises (250 salariés et plus), se montrent plus ouverts à l'IA. Les DRH semblent également plus enclins que leurs subordonnés RRH à utiliser certains outils d’intelligences artificielles : 18% utilisent déjà l’IA (vs 7% des RRH), dont 6% de manière importante. 32% se projettent sur une utilisation plus intensive à l’avenir (vs 13% des RRH) ;
Les DRH affichent en outre un niveau de confiance beaucoup plus élevé que les RRH : 62% contre 42%.
Quel avenir pour l’IA en RH ?
En conclusion, l'IA ne doit pas être envisagée comme un substitut à l'intelligence humaine, mais plutôt comme un complément.
L'enquête révèle un terrain de scepticisme parmi les professionnels des RH vis-à-vis de l'IA (76%), marqué par un manque de confiance notable ; avec seulement 2% des professionnels exprimant une confiance totale. Il est clair que la route vers l'acceptation généralisée de l'IA dans les RH est encore longue. Le manque de confiance vient majoritairement du traitement de la confidentialité des données personnelles. Pour 38% des sondés, l’IA n’est pas fiable en termes de sécurité .
Cependant, au-delà de cette première impression, l'IA démontre un certain potentiel, particulièrement dans la gestion administrative et le recrutement. Les défis identifiés, tels que la crainte pour la confidentialité des données et l'incompatibilité avec les processus existants, sont réels.
La clé est dans la balance : utiliser l'IA pour augmenter les capacités, tout en préservant ce qui fait notre singularité, notre humanité. En somme, l'IA en recrutement représente une opportunité d'harmoniser l'efficacité technologique avec la sensibilité humaine, ouvrant la voie à des pratiques de recrutement plus justes, plus rapides et plus intelligentes.C'est le potentiel que l'IA promet, à condition d'être apprivoisée.
👉 Retrouvez l'ensemble des résultats du sondage OpinionWay pour Kelio « L’IA et les ressources humaines »
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