Depuis plusieurs années, l’intelligence artificielle (IA) révolutionne de nombreux secteurs, et le recrutement ne fait pas exception. L’arrivée de l’IA générative telle que ChatGPT ou Gemini approfondit encore un peu plus le champ des possibles et l’évolution constante des métiers RH. Ces outils conversationnels sont bluffants par leur capacité à répondre aux questions, même les plus complexes, de façon naturelle et précise.
Depuis son arrivée, on remarque la force de frappe de l’intelligence artificielle générative. Alors que l’on commence doucement à avoir du recul dessus, de quelle manière cette IA va impacter le recrutement ? Jean-Noël Chaintreuil, Expert en innovation et transformation, maître de conférences associé au CELSA Sorbonne Université et directeur général de Change Factory nous répond à nos questions.
“L’intelligence artificielle va devenir un réel outil d’aide à la décision pour les recruteurs. C’est comme un assistant. Le recruteur aura donc plus de temps pour s’occuper de son candidat, et c’est parce que le recruteur accorde plus de temps et s’investit plus dans le processus de candidature, que l’IA devient intéressante.”
Quels sont les bénéfices de l’intelligence artificielle pour les ressources humaines ?
Intégrer de l’intelligence artificielle dans ses processus de recrutement porte de nombreux avantages pour les entreprises et leurs services RH. Parce que cette technologie permet d’automatiser les tâches chronophages, cela induit une forte optimisation du temps. Elle permet également de réduire les biais inconscients, notamment lors de la phase de présélection. Et elle est un atout indéniable pour créer une expérience candidat qui attire les meilleurs profils.
L’intelligence artificielle : un atout pour optimiser l’expérience candidats
En règle générale, le recrutement est un métier mouvant. Il évolue un peu plus chaque jour pour devenir le meilleur de lui-même. Pour les entreprises à la quête d’une marque employeur la plus performante possible, l’expérience candidat est au cœur de leurs discours.
“ L’IA va devenir un réel outil d’aide à la décision pour les recruteurs, c’est comme un assistant, le recruteur aura plus de temps pour s’occuper de son candidat”
L’IA générative comme assistante ?
En réalisant les tâches les plus rébarbatives, qui prennent du temps, le recruteur se centre plus difficilement sur le vrai recrutement. Face à la masse de travail que le recrutement impose, l’humain peut être tenté de bâcler ses tâches par manque de temps.
“Les candidats ne veulent plus être jugés sur leurs diplômes, même s’ils sont importants, le candidat veut prouver ses compétences à l’aide de test ou d’exercices, il veut savoir si l’entreprise à laquelle il va accorder une partie de sa vie convient à ses valeurs, si l’entreprise va prendre soin du candidat”
Le recruteur doit se pencher sur la création d’une relation de confiance avec ses candidats. C’est ainsi que ces derniers se souviendront de l’entreprise, de manière positive. C’est ce que l’on appelle en recrutement : l’expérience candidat.
Quelles tâches peut-on déléguer à l’IA générative ?
Le recruteur peut compter sur l’intelligence artificielle générative pour l’aider dans l’élaboration de diverses tâches, telles que :
- la rédaction d’offre d’emploi (écrire justement, également et avec équité, action parfois complexe pour les recruteurs, car ça demande beaucoup de précisions et de justesses) ;
- le tri des candidats (CV / lettre de motivation / questionnaire) ;
- les réponses aux candidatures de qualité avec un langage naturel (même s’il faut privilégier un retour personnalisé avec un feedback, il faut l’utiliser quand il y a un grand nombre de candidatures) ;
- le sourcing candidat, etc…
Toutes les tâches qui sont longues et parfois fastidieuses peuvent être remplacées par l’intelligence artificielle générative comme ChatGPT.
“En mélangeant ces compétences, l’expérience candidat revient au cœur du recrutement en promettant plus de temps et d’investissement avec le candidat, ce qui est la base du recrutement. Le candidat se sentira à sa place puisqu’on accorde plus de temps à l’humain.”
Une bonne expérience candidat, est égale à une bonne embauche. A l’inverse, une mauvaise expérience candidat aura des effets bien plus conséquents que vous ne le pensez.
Le métier de recruteur menacé par l'intelligence artificielle ?
La question est forcément dans un coin de la tête : est-ce que mon métier est voué à disparaître ? Le métier de recruteur va au-delà du fait de rencontrer des candidats à la chaîne et de les trier, il y a un vrai fond humain. Des rencontres, du dialogue, du discernement, etc. Loin de là l’idée qu’un robot quelconque remplace les bases fondamentales de ce métier.
Par contre Jean-Noël Chaintreuil met en garde sur l’évolution du métier, pour lui, il est fortement conseillé de se l’approprier.
“ L’IA ne va pas remplacer les recruteurs, mais les recruteurs qui savent s’en servir vont remplacer les recruteurs”.
L’IA est considérée comme un outil d’aide à la décision. Elle peut réaliser des tâches à la place du recruteur et devient au fil des années de plus en plus précise, il n’y aura quasiment plus de retouches à faire. Un recruteur qui sait s’en servir gagne du temps, les entreprises veulent des équipes proactives donc savoir la manier va devenir petit à petit une vraie compétence, voire un critère de sélection.
L'IA et ses limites dans le recrutement
Des limites, il y en a et il en faut.
“Il y a le côté culture, chatGPT n’est pas bête, mais on voit bien qu’il n’a pas tout, sa fiabilité n’est pas sûre à 100%, ce n’est pas une science exacte.”
La conversation intelligente va essayer de ressortir la meilleure des réponses mais à la base, ce qui la nourrit, c’est le donneur d’ordre derrière la requête.
L’IA générative ne pourra jamais remplacer un décisionnaire
Jean-Noël Chaintreuil rappelle qu’il s’agit d’un outil d’aide à la décision, mais pas de décision. S’il remplace le recruteur, ça n’a plus aucun intérêt. Par exemple, si l’IA fait le tri des CV, le responsable RH va demander que seuls les CV avec certains mots-clés ou certaines compétences soient mis en avant. C’est donc un être humain, décisionnaire, qui paramètre l’IA en fonction de ses besoins. Tout se joue sur la façon dont le recruteur nourrit et forme l’outil, grâce à des textes prédéfinis qu’on appelle “un prompt”. C’est un tout nouveau langage mais une fois bien assimilé cela devient juste un gain de temps.
ChatGPT va-t-il tuer la valeur de la lettre de motivation ?
Vous vous êtes peut-être déjà posé la question en lisant une lettre de motivation, si celle-ci a vraiment été écrite par le candidat ou s’il s’agit juste d’un simple modèle type. En utilisant ChatGPT, les lettres de motivation peuvent paraître quasiment irréprochables. Jean-Noël Chaintreuil, à lui déjà un avis très tranché sur la situation :
“Pour moi les lettres de motivations ne servent plus à rien”.
Le sujet fait débat, la lettre de motivation utile ou non ? Un candidat sachant utiliser chatGPT peut gagner du temps sur la lettre de motivation, ce n’est pas forcément signe d’un manque d’intérêt pour l’entreprise mais bien un gain de temps encore une fois.
Mais écrire des lettres de motivation pour en écrire, sans personnalisation n’est pas réellement attrayant pour le recruteur, certaines alternatives sont parfois plus intéressantes et significatives. Par exemple, grâce à un questionnaire de préqualification, une vidéo de présentation, une préqualification par téléphone etc.
Comment se préparer à intégrer l'intelligence artificielle dans son processus de recrutement ?
En tant que recruteur, vous avez forcément fait face à de l’intelligence artificielle, et cela, sans vous en rendre compte. Que ce soit pour rechercher des candidats à partir de bases de données en ligne, présélectionner les CV, analyser en amont le candidat, planifier les entretiens, etc. Dans l’ensemble, l’IA contribue à révolutionner la façon dont les recruteurs trouvent et embauchent les meilleurs talents, rendant le processus de recrutement plus rapide, plus efficace et plus performant que jamais. À vous de savoir l’utiliser à bon escient.
Comment s'approprier l’intelligence artificielle ?
Sous ses airs hyper techniques et laborieux, l’intelligence artificielle n’est pas si indomptable que ça. Un peu de curiosité suffit à comprendre vite comment elle fonctionne. Internet regorge de cours et de tutos pour la comprendre et l’utiliser. Pour tenter l’expérience, vous pouvez commencer par ChatGPT par exemple. Testez l’outil, avec des questions basiques, pour vous familiariser avec sa capacité à répondre vite et précisément. “Les gens vont intégrer chatGPT aussi facilement que LinkedIn, je n’en doute pas.”, rassure l’expert.
Une fois la plateforme assimilée, c’est à vous de définir vos objectifs. Il faut identifier les problèmes que vous voulez résoudre dans votre recrutement, former les recruteurs et choisir les bons outils. En effet, nombreux sont les logiciels qui intègrent l’intelligence artificielle dans leur fonctionnement. Les logiciels ATS (logiciels de gestion des candidatures) en sont un bon exemple, car ils permettent de gagner un temps considérable, que les recruteurs peuvent réinvestir ailleurs, pour optimiser leurs différentes campagnes de recrutement.
Évaluer la performance de l’intelligence artificielle dans votre processus de recrutement
Une fois que vous avez mis en place l’intelligence artificielle dans votre processus de recrutement, il est important de surveiller et d’évaluer régulièrement son efficacité. Cette phase d’analyse repose sur plusieurs critères, qui permettent de mesurer l’efficacité et l’impact de cette technologie. Voici quelques indicateurs clés :
- le taux de pertinence des candidatures présélectionnées ;
- le temps gagné par recrutement ;
- le taux de rétention des candidats embauchés ;
- le taux de satisfaction des candidats (NPS) ;
- la conformité RGPD et la transparence des algorithmes.
Si face à l’intelligence artificielle, le recruteur se sent dépassé voire craintif, il suffit de se former et de s’approprier l’outil pour le rendre performant. Non il ne remplacera pas le métier mais il peut devenir un allié de taille pour effectuer les tâches répétitives et parfois fastidieuses. Utiliser la technologie pour rendre le recruteur plus humain envers ses candidats, et donc optimiser sa marque employeur, c’est possible.
“Il faut revenir aux fondamentaux, si la marque employeur est nulle, alors même avec l’IA la marque employeur restera nulle. C’est une culture, mais elle ne changera en rien la manière dont on gère l’entreprise”, fini par conseiller l’expert.
Le logiciel ATS de Kelio intègre l’intelligence artificielle dans une partie de ses fonctionnalités, vous permettant ainsi de gagner du temps, et donc de rendre vos recrutements plus performants. Contactez-nous pour en savoir plus !